Conçu en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, La France en Amérique / France in America est une bibliothèque numérique bilingue de la Bibliothèque du Congrès. Elle explore l’histoire de la présence française en Amérique du Nord des premières décennies du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle.
Les Français à New York durant la Seconde Guerre mondiale
Sur Canal Académie, Axel Maugey évoque l'affluence de célèbres Français (René Clair, Michèle Morgan, Jean Gabin, André Breton, Camille Chautemps...) réfugiés aux États-Unis et notamment à New-York à partir de 1940. On y apprend qu' Antoine Saint-Exupéry écrit "Le petit prince" à New-York et que 42 restaurants français y seront créés pendant la guerre ! Les faits relatés proviennent du livre du Ronald Creagh "Nos cousins d'Amérique" (éditions Payot)
Le débarquement de Guillaume Dufresne à l'île de France en 1715
Discours prononcé par Thierry Le Breton, le 19 septembre 2009, au cours d'une cérémonie commémorant le débarquement de Guillaume Dufresne à l'île de France en 1715.
"Le 20 septembre 1715 voit l’arrivée de Guillaume
Dufresne d’Arsel sur le sol Mauricien, avant que celui-ci ne regagne son point
de départ au sein de la colonie française grandissante à Bourbon. Si 1715 reste
la date symbolique de l’arrivée de la présence française à Maurice, 1721 en
revanche représente celle du début d’une histoire de civilisation sur le sol
mauricien avec l’arrivée des premiers résidents.
C’est justement cela qui distingue l’arrivée
française des autres débarquements de l’histoire de Maurice, c’est que le
débarquement français marque le début historique d’une civilisation mauricienne
ininterrompue depuis bientôt 300 ans. Sur cette période, un peu moins de 100
ans se sont déroulés sous autorité française, et c’est pourtant sur le socle
francophone que s’articule le métissage et la construction de l’identité
mauricienne. C’est sans doute pour cela que le français joue encore le rôle
qu’il a à Maurice et aussi parce qu’il est le creuset au sein duquel s’est
forgé le créole.
Depuis quelques décennies, les études
linguistiques et sociologiques valident les créoles comme de véritables langues
puisqu’elles sont transmises comme des langues maternelles, avec une structure
stable. Mais comme toute chose sous le ciel, les créoles ont toute une origine
historique et s’agissant du créole mauricien, il naît d’un difficile rapport
avec le français. Il est d’ailleurs probable que les premiers habitants
arrivant de Bourbon où ils sont déjà installés depuis une cinquantaine d’années
à partir d’origine diverse, emmène avec eux un créole de première génération
sur lequel se construira le créole mauricien. Cette proximité des créoles de
l’Océan Indien tient de ce qu’ils se soient stabilisés dès la fin du XVIIIème
siècle, encore sous occupation française. Le créole évoluera peu
ultérieurement. On le voit à la faible influence qu’ont eu les langues
anglaises et indiennes. Certes, elles ont enrichi le vocabulaire, mais sans
modifier les structures de la langue.
Je voudrais citer ici ce que dit Edouard Maunick
en parlant de son œuvre : « J’écris tout cela à ma manière, en
français. Dans une langue à laquelle j’ai droit en vertu du créole dont elle
est le silo. (…) Peu importe si je l’ensauvage ou si je la civilise autrement,
elle est à jamais ma grande permission. »
On dit souvent que la cause du maintien du
français à Maurice tient à l’article 8 du traité signé lors de la prise de
possession de l’île par les Anglais en 1810. Il s’agit de l’article qui
proposait de conserver la culture et les coutumes des habitants locaux. Mais
une permission juridique ne suffit pas, en soi, pour construire des éléments de
culture ou de civilisation. Il faut que ceux-ci soient déjà, au préalable, bien
enracinés dans un terreau toujours renouvelé et fertilisé comme nous le verrons
plus tard.
Ce n’est donc pas le rapport entre le Français et
la culture qui m’intéresse ici mais bien plus, du rapport entre la langue et
l’instauration d’une civilisation ou encore, en d’autres mots, de repérer le
français comme étant l’un des agents de la civilisation mauricienne.
Je voudrais ici attirer votre attention sur une
erreur trop souvent faite à l’idée qu’une langue est un des éléments d’une
culture. Un produit culturel en somme. En fait, une langue est bien plus que
cela, elle est un mode de relation au réel, elle est ce qui permet l’existence
de la pensée, elle est capacité de culture.
La langue en effet permet de nommer les choses et,
ce faisant, de les distinguer. Elle est substantiellement une forme permanente
d’analyse. On peut donc déduire qu’une langue peut implicitement éduquer ceux
qui l’utilisent à fonctionner (si l’on peut dire) selon son style.
Je suis, en gros en train de dire que le français
a joué un rôle important dans la construction d’un mauricianisme, pas seulement
dans l’idée d’un apport culturel mais aussi dans la manière d’être mauricien.
Elle est la langue qui en édicte les règles et qui construit les relations dans
le cadre de l’interculturel et dans la construction de la diversité.
Ca peut paraître un peu présomptueux de le dire
comme ça dans un discours, mais voyons un peu de plus près et laissez-moi citer
ici Léopold Sédar Senghor :
« Au moment que, par totalisation et
socialisation, se construit la Civilisation de l'Universel, il est, d'un mot,
question de nous servir de ce merveilleux outil, trouvé dans les décombres du
Régime colonial. De cet outil qu'est la langue française.
La Francophonie, c'est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre
: cette symbiose des "énergies dormantes" de tous les continents, de
toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire. "La
France, me disait un délégué du F.L.N., c'est vous, c'est moi : c'est la
Culture française". Renversons la proposition pour être complets : la
Négritude, l'Arabisme, c'est aussi vous, Français de l'Hexagone. Nos valeurs
font battre, maintenant, les livres que vous lisez, la langue que vous parlez :
le français, Soleil qui brille hors de l'Hexagone ».
Ce qui peut être dit à ce sujet en Martinique peut
aussi se dire dans une certaine mesure à Maurice.
L’administration anglaise qui débute en 1810 ne
met donc pas fin à cette culture française qui continuera d’évoluer de façon
multiple, sous différentes formes, visibles ou invisibles, politique ou
sociale, élitiste ou populaire.
Ainsi par exemple, dans les années qui suivent la
prise de possession anglaise, le peuple souffrant va orienter ses espoirs vers
la nouvelle administration qui manifeste une volonté réelle d’abolir l’esclavage
le plus tôt possible. Il faut reconnaître que la culture française et l’usage
du français devient alors plus que jamais l’étendard de ralliement pour les
colons d’origine française. A cette lutte qui va les opposer à l’administration
anglaise pour la préservation de leurs intérêts économiques se mêlera tout
ensemble une querelle d’identité. C’est le début du journalisme à Maurice qui
implique dès le départ des confrontations d’idées, souvent des oppositions
farouches et des réflexions sur l’avenir de la société mauricienne mais qui se
font toujours dans la langue française. C’est l’époque de la fondation du
Cernéen par Adrien d’Epinay, en 1832, qui fut l’un des premiers quotidiens au
monde, et qui fut aussi un journal francophone en terre anglaise. Ce qui n’est
pas anodin. Mais face à lui, c’est aussi la fondation de la Balance par Berquin
et Rémy Ollier, qui deviendra plus tard la Sentinelle ou encore la fondation du
Mauricien de Eugène Leclézio. Cela allait soutenir pour longtemps une émulation
littéraire francophone qui se fera comme en parallèle de la présence anglaise. On
verra ainsi apparaître des écrivains d’envergure qui seront des fils du sol,
Léoville L’Homme, Edouard Laurent, avant d’arriver à Auguste Enouf, Robert
Edouard Hart ou Malcolm de Chazal.
L’éducation aussi y joua un rôle important. La
première école fut fondée dans les années 1770 par l’abbé Challan et 8 ans plus
tard ce sera l’abbé Quinlan qui fondera le collège Royal de Port Louis. A
partir de 1811 l’administration anglaise souhaitera une diffusion plus large de
l’instruction. Ce sera une des tâches du Révérend Jean Lebrun, arrivé à Maurice
en 1814. 25 écoles furent ainsi mises sur pied dans les années qui suivront. L’Eglise
Catholique sentit alors la nécessité de redynamiser son offre éducative. En 1841
les sœurs de Lorette arrivent et ces religieuses irlandaises fondèrent en 1847
le premier collège des filles à Port Louis, un deuxième à Curepipe en 1870. Une
autre vague d’écoles privées s’établira dans les années 1930 avec des écoles
comme New Eton, Bhujoarry, Impérial, etc.
Dans toutes ces institutions le français reste une
langue enseignée avec rigueur et la culture francophone demeure.
Après l’abolition de l’esclavage, la nation
mauricienne s’enrichit d’un apport plus important d’immigrés d’origine
indienne. Nous le savons, ce sont en grande majorité des travailleurs engagés dans
le cadre d’accords passés entre les administrations anglaises, basées à Maurice
et en Inde, et réclamés par les propriétaires mauriciens pour venir travailler
dans les champs sucriers qui étaient alors en pleine expansion. Ce régime de
l’engagisme prendra fin au début du XXème siècle et déjà quelques uns de ceux qui
naissent à Maurice commencent à bénéficier de cette éducation. Dans les années
40 et 50, on verra dans la communauté indienne naître un attachement à la
langue française. C’est peut être parce que l’usage du français a longtemps été,
et l’est encore aujourd’hui, un signe de mobilité sociale et de réussite
économique pour des personnes qui ont beaucoup souffert. Mais il y a aussi une
autre raison qui me semble très importante, c’est que, dans une Ile Maurice qui
n’est pas encore indépendante, l’usage du français est un signe de distinction
par rapport à l’administration coloniale anglaise. Pouvoir parler français,
c’est pouvoir parler aussi les autres langues qui sont sur le sol mauricien.
L’usage du français pendant cette période devient l’expression du droit à la
diversité. C’est, je crois ce que veux dire Kher Jagathsing quand il écrit en
1954 pour le maintien de l’enseignement du français et déclare être fier de
parler français mais ne pas être moins fier de parler sa langue maternelle,
qu’elle soit l’Hindi, l’Ourdou, le Tamil ou le Telegu.
Au terme de ce parcours, il est étonnant de
constater aujourd’hui la jeunesse, le dynamisme et l’inspiration de la
littérature francophone mauricienne. Plus étonnant encore est de voir le succès
qu’elle a en France, que ce soit à travers leur présence dans les salons, les
prix littéraires, les romans qui sont montés en pièce de théâtre, etc.
Le Français s’est inscrit peu à peu à Maurice
comme une langue de l’exigence, de la résistance et de la différenciation comme
une alternative à l’uniformité. Mais ça c’est moi qui veut le voir sans doute.
Pourtant c’est bien la langue privilégiée des écrivains mauriciens et elle
s’associe pleinement à leur œuvre de création. Et pourquoi donc écrire si ce
n’est pour résister, pour vivre. La place du français dans l’art mauricien est
indéniable et il est en cela synonyme d’une exigence d’une qualité qui veut
durer.
La francophonie semble donc toujours déjà là,
inscrite dans les murs. Les rapports qui sont entretenus avec elle sont
multiples et multiformes, dans une tension qui oscille constamment entre
l’attraction et la répulsion. Elle est une séductrice admirée, et pouvoir la
pratiquer apparaît comme un privilège à condition uniquement de la bien parler.
De nombreux mauriciens craignent souvent que la moindre faute de langage sera
tout de suite relevée et raillée alors que dans les autres langue ce type
d’erreur est bien plus facilement toléré. C’est une perception malheureuse.
Le français est toujours déjà là, même dans son
absence, comme la trace est la marque de l’absence du pas (pensez y). Un ami
étranger s’étonnait dernièrement que sur les billets de banque il y ait des
inscriptions en anglais, en hindi et en tamoul, mais pas en français. Je me
suis entendu lui répondre que je n’étais pas sûr si c’était nécessaire au fond.
Comme si son absence était tout autant révélatrice. Il me semblait alors que la
francophonie était ce socle qui permettait à toutes les particularités
d’exister dans leur diversité. On pourrait donc dire en somme qu’il y a des
francophonies à Maurice.
Alors aujourd’hui que reste-t-il de 1715 ? Je
crois que c’est dans cette direction qu’il faut chercher plutôt que dans ce qui
est consommé de fromage ou de vin.
Maintenant ai-je la prétention de dire qu’il y a
dans le mauricianisme des aspects qui relèvent structurellement de la
francophonie. Au regard de ce qui a été dit plus haut, on répondra oui. Est-ce
que pour autant cela garantit la pérennité de l’usage du français. Cela n’est
pas automatique. Suite à ce qui a été dit, nous voyons qu’il peut y avoir des
enjeux hautement politiques dans l’usage d’une langue puisqu’elle est l’agent
structurant d’une communauté et, dans une certaine mesure, de son action.
Spéculons maintenant, l’usage du français se
maintiendra-t-il dans un avenir même lointain ? J’ose croire que la
francophonie a introduit dans le comportement du Mauricien suffisamment
d’esprit de résistance et de combativité pour que cela soit le cas.
Bien sûr, nous comptons aussi sur le soutien
toujours fidèle de la France à ce jour. Nous espérons aussi que cette
passionnante Europe qui se construit n’enlèvera pas pour autant la relation très
particulière de la France avec Maurice.
Mais indépendamment de tout cela, ce qui me
rassure surtout, c’est que nous revenons toujours à l’usage du français par
attachement, par affection. Et cela est certainement la meilleure des garanties
pour que soit préservé dans l’âme mauricienne un certain culot, une certaine
impertinence, un peu comme le Gavroche de Victor Hugo peut être ?
En tout cas, aussi loin que nous ayons été, nous
nous souvenons aujourd’hui que tout a commencé un certain jour de septembre, en
1715."
Inde
La présence française en Inde au milieu du XVIII° siècle
Jean-Yves Le Lan publie le fac simile d'un mémoire sur la situation des Anglais et des Français en Inde au milieu du XVIII° siècle, transcription d’un manuscrit détenu parle Service Historique de la Défense – département Marine à Lorient sous la cote 1 P 279 liasse 19. Il comprend 32 feuillets d’une écriture dense. Il a été écrit à Pondichéry et est daté du 15 novembre 1759, mais il ne comporte pas de signature permettant d’identifier avec certitude l’auteur.
Radio France International interview Minouche Suberville, représentante des Français du Mexique à l'Assemblée des Français de l'Etranger, qui a créé une association, Racines françaises au Mexique, qui a entrepris de rassembler les Français du Mexique estimés à quelque 30 000 personnes dont 80% de binationaux. L'instauration de la double nationalité, il y a cinq ans, favorise le retour aux sources françaises. Et l'initiative de Minouche pourrait inspirer d'autres communautés françaises de par le monde.